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Huari est un petit village qui se trouve dans le Callejon de Conchucos, dans la sierra centrale du Pérou, entre la cordillère de Huayhuash et la cordillère Blanche aux sommets enneigés.

Huari Un petit village au pérou

Huari : Un petit village au pérou

Depuis 2008, Solidarité Union Coopération (SUCO), une organisation non gouvernementale (ONG) québécoise qui fournit des conseils techniques et financiers aux collectivités locales est installée dans cette région. En partenariat avec  l’Association pour la coopération et le développement durable (ALLPA) l’ONG péruvienne; et la municipalité de Huari,  l’équipe terrain de SUCO réalise, un projet intégral de renforcement des capacités productives et organisationnelles des populations qui se consacrent à l’agriculture et à l’élevage. Ce projet est financé par  canon minero le programme de distribution des redevances minières du Pérou.

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Segundina Ortega tient un queso andino (un fromage frais des Andes) qui sera mis en vente sous peu

L’Agence canadienne de développement international et le gouvernement du Québec appuient également ce projet.
Pedro Estrada, coordonnateur de la programmation de  SUCO à Huari, explique l’objectif de cette initiative
«Petit à petit, les producteurs et les productrices réalisent qu’ils peuvent vivre avec dignité, sans avoir à changer leur mode de vie ou à travailler pour la mine »
Une attention particulière a été accordée au renforcement de l’autonomie économique des femmes, des spécialistes techniques hautement qualifiés ont présenté un programme de formation et un appui technique pour apprendre aux femmes des techniques d’élevage de cochons d’Inde, culture de jardins maraîchers et en tissage avec une laine de meilleure qualité. Mais la formation qui a vraiment changé la vie des femmes et de leurs familles est le perfectionnement en élaboration de fromage.
« SUCO nous a appuyés et nous avons amélioré notre condition de vie. Mon mari est promoteur de santé animale, il apprend à bien administrer les médicaments aux animaux. Moi, j’ai appris à filer et carder une laine de qualité qui me permet de mieux tisser, à élever les cochons d’Inde de façon salubre et à préparer un meilleur fromage » raconte Segundina Ortega Mendoza avec un large sourire.
« Avant, je gagnais sept nuevos soles par kilo de fromage (soit quelque trois dollars le kilogramme); maintenant, j’en gagne quatorze. Nos revenus ont doublé, ce qui nous permet d’investir davantage dans nos animaux, notre ferme et notre famille» ajoute-t-elle.

Avec l’appui de SUCO et de la municipalité de Huari, elle et son mari ont pu construire une petite usine à fromage artisanale, entourée de différents moules et ustensiles, de diverses presses et d’une unité de réfrigération naturelle, Segundina renchérit « Avant nous ne savions pas comment préparer un fromage de qualité. SUCO a fait venir une ingénieure qui nous a enseigné, à moi et plusieurs autres femmes des communautés avoisinantes».
Sur le mur de l’usine de Mme Ortega  a collé la liste des étapes à suivre dans la fabrication du fromage, élaborée par l’ALLPA et les bénévoles canadiens. Elle suit ces étapes  attentivement chaque fois et se sert du tableau pour enseigner le processus à ses voisins. Son atelier lui permet de produire de deux à trois kilogrammes de fromage par jour, mais aussi de générer de nouveaux producteurs de fromage, des membres de sa collectivité qui ont vu la réussite du projet et qui veulent y participer.
« C’est incroyable que des personnes qui vivent avec de si faibles revenus trouvent le temps ou les ressources pour investir et participer, par exemple trouver le financement pour acheter une nouvelle vache ou se rendre à l’usine de Mme Ortega pour apprendre à faire un nouveau fromage », raconte le Le docteur Pedro Estrada Vega, vétérinaire et directeur de l’Association pour la coopération et le développement durable (ALLPA).
« Un kilo de fromage apporte un changement plus grand qu’on pourrait le croire. Il représente un changement dans la façon dont les gens font fonctionner leur ferme et vivent » ajoute-t-il.
Selon lui, les agriculteurs ont maintenant un marché plus garanti parce que leur fromage est l’un des meilleurs de la région et qu’ils sont des fournisseurs fiables. « Le fromage est un symbole, déclare le docteur Vega. Il nous rappelle les étapes qui nous ont menées à ce point. Les agriculteurs gagnent davantage grâce à un fromage de meilleure qualité, qui est produit à l’aide d’une plus grande quantité de lait et de vaches et de pâtures d’un calibre supérieur. »
Depuis 2010, deux ans près le lancement du projet, des bénévoles québécois ont assisté à ce programme en fournissant une expertise technique dont les agriculteurs avaient grand besoin ; l’ALLPA détermine les compétences requises, SUCO trouve le bon spécialiste au Canada et l’ACDI paie les déplacements et les frais de subsistance des bénévoles.
Selon le docteur Vega, ces bénévoles sont aussi une source d’encouragement : « Il est très important de savoir que nous ne sommes pas seuls dans notre domaine et d’être en contact avec d’autres personnes de l’extérieur de notre collectivité et du Pérou. »
« Les bénévoles nous aident à accomplir le travail que nous ne pourrions pas faire nous-mêmes. Ils nous aident à rester organisés et à progresser. » , rajoute Andres Toro, un agronome de l’ALLPA.